Congrès Marseille 2022

Quelques 450 personnes venues de tous les continents ont participé au congrès de l’OIEC, qui s’est déroulé à Marseille du 1er au 3 décembre 2022. Beaucoup d’autres ont suivi quotidiennement ces journées en streaming. Réflexions, rencontres et partages d’expérience étaient au programme.

Après deux années de préparation, le Congrès de l’OIEC a pris sa place dans le Palais du Pharo à Marseille, du 1er au 3 décembre dernier. 450 personnes étaient invitées, dont 8 évêques des 5 continents et de nombreux responsables nationaux de l’Enseignement catholique des quatre coins du monde.

Même si nous pouvons regretter que les difficultés diplomatiques avec la France n’aient pas permis à certains d’obtenir leur visa, la salle était pleine.
Dans ce lieu emblématique du Second Empire, dominant la Méditerranée, les participants ont pu réfléchir à « l’école comme corps d’espérance », dans le droit sillage du Pacte Éducatif Global lancé il y a trois ans par le Pape François.

Le choix de Marseille, après New York, comme lieu de rencontre pour le congrès a été un choix réfléchi. « Il s’agit d’une ville cosmopolite où la culture du dialogue est forte », rappelle son directeur diocésain, Jacques Le Loup.
Marseille, la plus ancienne ville de France ! Depuis sa fondation par les marins grecs originaires de Phocée à aujourd’hui, les 26 siècles ont fait de cette cité phocéenne un carrefour d’histoires, de cultures et de diversité. C’est sur cette particularité de la ville que Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique français, s’est appuyé dans son discours, soulignant l’importance de la « fraternité inclusive » : « L’entre-soi peut paraître rassurant, mais il ne fait que fracturer davantage la société et nuit aux plus fragiles. Il doit être combattu et, en la matière, les adultes jouent un rôle déterminant ». « Les jeunes sont naturellement ouverts à l’altérité. N’éteignons pas chez eux la flamme de la fraternité. Nous avons tant à apprendre les uns des autres… »
C’est en effet l’un des objectifs fondamentaux de cette rencontre internationale dont le thème n’est autre que : « L’École catholique comme organe d’espérance pour changer le monde ».

Discours du Cardinal Aveline,
archevêque de Marseille

Nous avons pu voir à travers les présentations des différents intervenants, des écoles catholiques dirigées par des musulmans au Maroc, des jardins d’enfants catholiques aux grands succès en Tunisie ou encore des établissements catholiques dans un environnement orthodoxe en Grèce. Autant de réalités locales vécues par l’Église, dont l’une des missions phares a toujours été l’éducation.

Au-delà de ces réflexions, des témoignages très riches de chefs d’établissement et de responsables nationaux de l’Enseignement catholique de dizaines de pays se sont succédé, en visio ou sur la scène du congrès. En ouverture de la table ronde « Éduquer à la fraternité universelle dans un contexte éducatif multireligieux », l’équipe pédagogique du collège La Salle Daher du Caire témoigne : « Que les enseignants soient musulmans ou chrétiens, ils font tous partie d’une même communauté éducative ». Quant aux anciens élèves musulmans interviewés, ils ont le sentiment d’y avoir  appris la tolérance vis-à-vis des autres religions. Au Niger, dans les écoles catholiques, aucune distinction n’est faite entre élèves chrétiens et musulmans et ce d’autant plus que la catéchèse est enseignée en dehors des établissements. Dans ce pays, le dialogue islamo-chrétien, dont il a été beaucoup question durant ces journées, ne cesse jamais et pour cause : « il n’existe pas de quartiers chrétiens et de quartiers musulmans. Nous vivons tous ensemble. Les chrétiens se réjouissent des fêtes musulmanes et l’inverse est vrai. Les baptêmes, les mariages, nous les vivons ensemble », explique Assane Alamine, responsable de l’enseignement catholique du pays. En Inde, seuls 2 % des habitants sont catholiques (80 % de la population est hindouiste), mais les écoles catholiques sont très prisées. « Beaucoup de responsables, politiques ou autres y ont étudié. Nous n’essayons pas de convertir qui que ce soit. Nous sommes très laïcs dans notre enseignement », note le père Maria Charles. L’enseignement catholique indien se concentre aussi sur les migrants qui viennent des pays voisins et pour lesquels il crée des programmes spécifiques.

Le cardinal Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, témoigne, quant à lui, du questionnement que certains pourraient avoir sur la présence de l’École catholique en pays musulmans comme le Maroc, lorsque les enfants scolarisés, les enseignants, les directeurs des écoles catholiques sont de confession musulmane ? « Pour moi, le Maroc a été l’occasion de se convertir. Je me suis converti, non pas à l’Islam, mais à la catholicité » précise-t-il en ajoutant une anecdote : « On m’a demandé dans les couloirs du congrès s’il y avait des conversions au Maroc. Des conversions, il y en a beaucoup. J’ai personnellement rencontré des enfants égoïstes qui sont devenus généreux, des menteurs qui sont devenus sincères, des ennemis qui se sont réconciliés. Et tout cela grâce et à cause de l’éducation reçue dans nos écoles. »

Le père Jawad Alamat, secrétaire général des écoles catholiques en Tunisie et curé de Carthage, a souligné lui aussi dans son témoignage l’importance de la place de l’Église en Tunisie, pays dans lequel la communauté catholique n’est pas une communauté autochtone, mais une population de passage. « La mission éducative de l’Église en Tunisie est la manière la plus forte, la plus profonde, la plus intéressante d’incarner la présence de l’église dans le pays, car il y a une reconnaissance de la population tunisienne, un amour, un héritage dont nous bénéficions. Mais pour tenir, il nous faut avoir le sens de la gratuité. » « Soyons des semeurs ! » ajoutera-t-il.

Selon le Rapport mondial sur l’éducation catholique 2021, l’OIEC compte aujourd’hui 210 000 écoles et 68 millions d’élèves du préscolaire à l’enseignement supérieur. « Notre mission est de participer à la communion universelle par l’éducation », affirme Philippe Richard, secrétaire général de cette organisation, représentée tant à l’UNESCO, qu’aux Nations-Unies de Genève et New York ou encore à Strasbourg au Conseil de l’Europe. Cela contribue à porter la voix catholique dans ces enceintes, « par exemple sur le sujet de l’éducation et du genre », note aussi Philippe Richard.

Ou encore à faire vivre le dialogue interreligieux et interculturel entre élèves des quatre coins du monde, à travers le projet Planet Fraternity mené par Hervé Lecomte, où des élèves échangent et construisent ensemble via des partenariats en ligne tous les deux mois.

Ce congrès a permis aussi de découvrir la réalité géopolitique et les spécificités éducatives des écoles d’Afrique subsaharienne, comme celles du Tchad, du Bénin ou de Djibouti. Au Tchad, établissements publics et privés se sont mis d’accord pour développer un programme de formation à la citoyenneté destiné aux jeunes, aux familles et aux enseignants, et former des jeunes à devenir ambassadeurs de paix dans leur classe. Au Bénin, une école catholique agroécologique baptisée Laudato si’ a vu le jour, où l’on y enseigne non seulement une agriculture utile et responsable, mais aussi une sobriété heureuse… À Djibouti, les écoles catholiques se concentrent sur les plus pauvres. Des centres d’alphabétisation destinés aux jeunes migrants, enfants abandonnés venant d’Éthiopie et de Somalie ont vu le jour .

Tous ces témoignages montrent le travail de fond réalisé sur le terrain dans un esprit de grande générosité. Ce congrès a tenu ses promesses et a permis à chacun de recharger les batteries pour avancer dans la construction solidaire du « Pacte éducatif Global », comme le souhaitait dans son discours d’ouverture, Paul Barber, président de l’OIEC jusqu’en décembre 2022.

Retrouvez l’intégralité des interventions sur la chaîne Youtube de l’OIEC : 

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